Comme un libéral qui votera Ecolo...


Ce texte sera ma dernière sortie avant les élections majeures de mai 2019.  J'avais (re)commencé un blog pour "mettre sur papier", au sortir de mon expérience avortée de mouvement citoyen, les doutes que j'avais envers les partis politiques pour ces élections.  Puis pour expliquer mes incompréhensions entre une certaine logique et certaines sorties politiques.
Chemin faisant, je me suis posé d'autres questions, dont celle sur l'échec programmé des mouvements citoyens, puis les dérapages de la campagne auront fini de sceller ma vision, que je vous expose ici en conclusion de ces 5 mois de suivi politique.

Depuis que je m'intéresse à la politique, je pense être "libéral".  Bien évidemment, plus je suis la politique, plus je me rends compte qu'il y a quasi autant de "libéralismes" que de recettes de pâtes carbonara.

- Libéral, mais pas tenant d'un libéralisme débridé comme on en trouve dans les partis de droite aux Etats-Unis ou dans certaines parties de l'Europe,
- Libéral, mais pas au sens de l'économie capitaliste gérée par une "main invisible du marché" où l'argent ruissellerait entre les très riches dont le patrimoine serait familial ou boursier et les pauvres qui doivent conjuguer deux jobs pour s'en sortir.
- Libéral, mais pas celui qui pense que "seul le travail amène à la liberté" et qui fustige tout ce  qui n'est pas "productif".
- Libéral, mais pas celui convaincu que "l'Etat, c'est le mal", que la régulation est une entrave à la liberté et que seule la loi de la jungle économique permettrait de faire une régulation satisfaisante.

Non, reconnaissant au hasard le fait d'être né au bon endroit, à la bonne période et avec des capacités qui me permettent de "bien" vivre dans notre marché du travail actuel, je suis conscient que c'est une chance et ne vois pas pourquoi ces avantages devraient me forcer à être par principe égoïste envers les autres.


Je suis donc un libéral "à l'ancienne", un de ceux du siècle des lumières.
  • Celui qui prônait la recherche de l'émancipation de l'individu via l'existence de droits fondamentaux que l'état ne pouvait violer. 
  • Celui qui pensait qu'il fallait lutter pour la laïcité de l'Etat car bien que pouvant être une solution intérieure aux problèmes de l'Homme, la religion a toujours été cause de disputes et d'injustices quand elle a voulu s'immiscer dans la gestion de la cité. 
  • Celui qui se plaçait du côté des opprimés par les riches conservateurs catholiques (à l'époque). 
  • Celui qui croit en la propriété privée et au mérite, qui permet de gravir une échelle sociale et qui octroie une reconnaissance de la société à celui qui s'y investit. 
  • Enfin, celui qui pense que l'autorité publique doit avoir une rôle de contrôle pour favoriser le bien commun et mettre des limites mais ne pense pas que le tout à l'état soit une solution pour tous.

Chemin faisant, d'autres critères sont entrés en lice dans mon évaluation de la politique: la prise en compte des enjeux écologiques dans l'action politique et dans l'organisation sociale. Plus qu'une politique, je ressens un besoin d'une éthique comportementale, aspirant à une plus grande harmonie, autonomie, solidarité et responsabilité qui s'impose en dehors des clivages traditionnels.

Je pense donc qu'il n'est pas incompatible d'être libéral (social) et d'avoir une fibre écologique.  Même au niveau économique, si l'on modifie les règles de comptabilité en incorporant un indice du bonheur et un indice du respect de l'environnement directement dans le bilan des entreprises, le marché pourrait être un outil extrêmement puissant, efficace et mondial, au service du social et de l'environnement.

Au niveau de la politique belge, si on élimine les collectivistes débridés, les gens qui prônent une lutte des classes contre-productive et les partis où la religion a encore sa place dans les réflexions, il ne reste que trois "grands partis" qui peuvent rencontrer ces visions d'un certain libéralisme: le MR, où la frange libérale "historique" côtoie une frange plutôt conservatrice et capitaliste; Défi, qui se présente comme libéral social et Ecolo, dont une frange défend un entrepreneuriat responsable et social mais côtoie une frange plus proche du syndicalisme et du gauchisme radical.
On pourrait dire que par leurs compositions, le MR et Défi peuvent être considérés comme de centre droit tandis qu'Ecolo serait de centre gauche.

Défi présente un projet intéressant mais a bien du mal à mettre en oeuvre les principes qu'il dit défendre (décumul, ouverture aux citoyens, etc.)  et a tendance à recruter sans vraiment faire attention à la crédibilité d'un message d'ensemble présenté par des candidats ayant milité des années durant dans d'autres partis.

Le MR a complètement perdu la raison lors de cette campagne, en choisissant de se positionner en agression perpétuelle contre un parti avec qui il aurait pu envisager des alliances, tout en oubliant que l'égalité des droits et des devoirs ne s'applique pas qu'à ses nationaux mais bien à un principe mondial.  Il fut un temps où la liberté de circuler était une règle de base de l'ancêtre du MR.  Ce n'est visiblement plus le cas.  Idem au niveau du positionnement face à la religion où il n'est intellectuellement pas correct de vouloir permettre certaines choses à une religion que l'on interdit à une autre.  Bref, l'aile libérale semble avoir perdu le combat de campagne et l'aile conservatrice avoir pris le dessus.


Quant à Ecolo, son positionnement économique a toujours été pragmatique.  L'écologie politique ne semble pas opposée à l'enrichissement et à la propriété privée, tout en faisant attention au "comment" (via la justice fiscale) et en envisageant des plafonds au delà desquels un plus de solidarité s'imposerait.  Au niveau de la liberté des droits et des devoirs, bien que certaines individualités semblent parfois plus "radicales", le projet global reste modéré et intelligent.
Il y a bien évidemment des erreurs commises par le passé qui devraient agir comme point d'attention pour ne pas se répéter et il reste des dogmes qui me semblent incompatibles avec la réalité, comme ce veto nucléaire qui, au niveau mondial, ne me permet pas d'envisager une solution aux problèmes de dérèglement climatique.

Comme le disait très bien Alain Barré quand il associait libéralisme et écologie:
"Pour tous les libéraux la liberté est le bien le plus précieux, liberté de créer, d’entreprendre, de s’exprimer et chacun respecte un principe fondamental issu de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 : La « liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».
Ceux qui s’inspirent du libéralisme, qu’ils soient de droite ou de gauche, respectent ce grand principe “ici et maintenant”, mais les écologistes libéraux ne se contentent pas de cela, ils cherchent à le faire respecter également “là-bas et dans le futur”. Ainsi détruire l’environnement, le polluer au détriment de ceux qui sont éloignés ou pour ceux qui nous suivront, est une atteinte à la liberté des autres. 

L’écologie n’est ni de droite ni de gauche, sa vérité est dans la liberté qui ne doit pas empiéter sur celle des autres ni ici et maintenant, ni là-bas et dans le futur !"

Donc, oui, dans deux semaines, en respect de mes convictions, je voterai Ecolo aussi bien au niveau européen, car c'est le seul niveau de pouvoir où un changement de paradigme peut s'envisager, qu'au niveau régional, où c'est le seul bouclier que je vois aux fonctionnements "traditionnels" de type Publifin, Nethys et autres intercommunales et baronnies que l'on trouve chez les trois partis pilarisés où le pouvoir en a corrompu plus d'un.

Ce n'est qu'un avis personnel basé sur des réflexions personnelles mais rien ne sert de m'expliquer pourquoi "j'aurais tort", cet avis, ici et maintenant, représente une vision parfaite pour clôturer momentanément une réflexion sur ma vision de "la logique et la politique".

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