J'aimerais écrire un jour un livre sur 30 ans de déceptions envers la politique et les médias.
La politique, parce que l'ayant suivi de très près de l'intérieur comme de l'extérieur, je suis maintenant convaincu qu'on est devant une "bande de gens" qui ont - sans doute de manière inconsciente - surtout trouvé une solution facile pour grimper l'échelle sociale. "Facile" car sans aucune évaluation de résultat et "échelle sociale" car quand on n'a aucune compétence ou capacité particulière, c'est le seul chemin où l'on peut gagner un salaire largement au delà de la moyenne. Melchior Whatelet Jr est peut-être le seul cas connu d'un personnage politique ayant réussi une brillante reconversion dans le privé.
Les médias, car plus on avance dans le temps, plus je me rends compte que le vrai problème de la politique, c'est qu'on met en avant des idées et des personnes totalement hors-sol souvent parce qu'un média a des obligations de contenu, de temps et d'audience qui souvent l'empêche d'être critique avec les discours ou les idées des partis. C'est pour cela que principalement, je me tourne maintenant vers le service public français ou des chaines internet à autre format - ou quelques podcasts d'information qui résistent - pour m'informer sur les sujets de société et plus sur la politique belge.
Pour l'instant, j'ai d'autres sujets de préoccupation qui m'amusent plus que d'écrire ce genre de livre.
Mais venons-en au sujet de ce post qui ramène une nième fois ce blog à la vie.
J'ai toujours trouvé le fait que le vote soit secret totalement stupide. Pourquoi ne pas assumer ses choix et les défendre, quitte à changer d'avis face aux arguments qui en découleraient? Bref, je n'ai jamais eu aucun secret sur mes choix.
Depuis plusieurs années - soit depuis que la scène politique est vraiment devenue une cour de récréation, voire un ring de match de catch dans la boue - je remets en question l'intérêt du vote.
Je suis de plus en plus certain que ça ne sert à rien, car les politiques ne sont plus que des pousse-boutons à la merci de leur parti et de son président, et surtout car les décisions se prennent ailleurs: ce sont les actionnaires de grands groupes multinationaux, les dictateurs de pays émergents voire simplement les événements de l'évolution de la société qui imposent les décisions qui - in fine - s'appliquent à nos sociétés "locales" (à l'échelle du monde).
J'ai longtemps pensé ces dernières années que dans cette situation, seule l'abstention était la solution. Puisque les politiques se foutent de nous depuis des années, foutons-nous aussi d'eux.
Vu les sondages actuels, ce serait lâche et trop facile.
En effet, ces élections du 9 juin vont à la fois toucher le régional, le fédéral et l’Europe.
Si on simplifie un peu la vision, au niveau du régional, l'enjeu sera la prise en main de la Wallonie par des partis conservateurs de droite pour la première fois depuis des années; au niveau fédéral, l'enjeu sera non moins que la fin du pays (même si ça se jouera surtout en flandre) et au niveau européen, l'enjeu sera la chute de l’Europe vers l'extrême droite à visée chrétienne potentiellement alliée d'un dictateur de l'est par opportunisme.
Est-ce que cela risque de changer nos vies? Sans doute: une société qui décide de rejeter les idées universalistes et des lumières pour se tourner vers la peur et la haine de l'autre - ce que l'on peut comprendre dans l'émotion, moins via les chiffres froids de la raison - n'a jamais dans l'histoire amené un mieux pour le plus grand nombre (sauf après une catastrophe qui a justement coûté cher à l'humanité).
Bref, je pourrais disserter des heures ici, mais ce n'est pas le sujet.
J'irai donc voter malgré mon dégoût prononcé pour l'aristocratie représentative qui fait semblant de nous gouverner. Non pas avec l'espoir que quelque chose change - je n'y crois plus - mais avec l'idée qu'au moins, si les futurs sont plus sombres, je n'aurai pas participé à me laver les mains de l'évolution en cours.
J'irai voter pour des personnes, pas pour des partis en lesquels je ne crois pas, vu le peu de fois où - que ce soit la faute du système ou pas - ils ont tenu leurs promesses. Je voterai pour des personnes dont la vie et l'expérience ont démontré des valeurs, même s'ils n'ont pas toujours eu l'occasion de les concrétiser.
Je vais ici citer deux personnes qui sont pour l'instant le résultat de mes réflexions. Bien évidemment, on peut toujours avoir un sursaut émotionnel dans l'isoloir mais si la raison conduit mon crayon, ce sera bien le chemin que je suivrai.
Au niveau régional, il faut s'opposer à tout prix à la montée des idées du
MR de Georges-Louis Bouchez. Depuis 2017, il a démontré faire de la politique avec comme seul objectif son intérêt personnel et pour ce faire, a accepté d'ouvrir toute grande la
fenêtre d'overton. Il a menti; il a simplifié les propos; il a agressé ou encore il a menacé. Bref, il a mis en oeuvre les techniques du Sarkozysme et du Trumpisme pour attirer les voix des gens binaires qui n'arrivent pas à comprendre la complexité de la société (ou qui vivent dans le grand complot). Que ce soit vis-à-vis des étrangers, des chômeurs, des syndicalistes (que je n'apprécie plus particulièrement) ou simplement de tous ceux qui ne pensent pas comme lui, il a caricaturé, simplifié, exagéré. C'est une voie politique inacceptable.
Son parti le laisse faire depuis 7 ans car électoralement, cela semble fonctionner: ils se sont donc tous rendus complices à mes yeux.
Le parti faussement rénové (vu que les idées qui remontent et les personnes qui se présentent sont de plus en plus dignes du PSC) des engagés semble avoir choisi son camp et se prépare à gouverner avec le populisme du MR s'ils en ont la possibilité.
Ces deux partis ont en plus la caractéristique de la jouer "leader charismatique multi cumulard omniprésent". Ce qui démontre la faiblesse d'un mouvement qui accepte la voix de l'élu unique.
Pour s'opposer à ce potentiel bloc de droite simpliste, il n'y a pas beaucoup le choix en ce qui me concerne.
Le PTB ne veut pas monter au pouvoir jusqu'à preuve du contraire.
Le PS est représenté dans le namurois par un ex-condamné pour faits de mœurs.
Défi - qui reste sans doute le parti avec lequel, sur papier, j'ai le plus d'affinités - sera totalement inutile au décompte final.
Les petits partis n'ont - dans le système actuel - aucun impact sur la décision politique.
Par élimination, il ne me reste qu'Ecolo qui - au niveau wallon - n'a - selon mes critères - vraiment comme seules casseroles une mauvaise communication et une incapacité chronique à s'opposer à l'aristocratie représentative une fois qu'ils sont au pouvoir.
Comme les sondages leur indique une déculottée magistrale (qu'ils auront cherché selon moi), ils pourraient apporter les quelques députés qui pourraient faire basculer un choix de gouvernement.
Je voterai donc pour
Stéphane Hazée, que j'ai assez connu que pour reconnaître son honnêteté et sa probité dans ce marasme politique.
Au niveau fédéral, c'est plus compliqué.
Jamais je n'y voterai pour un parti comme Ecolo, dont rien ne m'a paru correct à ce niveau.
Que ce soit sur le féminisme, sur l'obligation du néerlandais, sur le bien-être animal et le communautarisme, sur la mobilité ou encore sur le nucléaire, je n'ai trouvé sens à mes yeux de leurs décisions.
Pour les raisons préalablement citées, qui restent valables à ce niveau de pouvoir, le MR et les Engagés ne sont pas une possibilité pour moi.
Le PTB est un parti dont je ne partage pas les objectifs ou les valeurs mais qui pourrait, au niveau fédéral, être une solution pour contrer l'extrême droite. Je ne suis néanmoins pas encore certain d'être prêt à voter pour un parti extrémiste.
Défi - qui reste sans doute le parti avec lequel, sur papier, j'ai le plus d'affinités - sera totalement inutile au décompte final (bis) et les petits partis n'ont - dans le système actuel - (toujours) aucun impact sur la décision politique.
Par élimination, il ne me reste plus qu'une voie que je pourrais emprunter avec une pince à linge sur le nez: le
PS. Je n'ai jamais voté socialiste. En effet, né à Charleroi et ayant connu les affaires, les parvenus, les mensonges, les magouilles, les incompétences, les égocentriques et d'autres, je ne reconnais aucune valeur au parti en tant que tel. Par contre, je respecte et reconnais les qualités et les valeurs de la personne qui sera tête de liste socialiste pour Namur:
Pierre-Yves Dermagne.
Son côté régionaliste capable d'apprendre la langue des autres pour négocier d'égal à égal me convient.
Je pense que sa probité et son honnêteté n'ont jamais vraiment été prises en défaut. Ce serait donc le choix de la raison pour moi.
Enfin, au niveau européen, je n'arrive pas à me décider.
Les enjeux climatiques sont importants, même si je pense qu'on devrait plus se préparer à l'après dérèglement car la machine ne peut plus être arrêtée. Ecolo?
Les enjeux économiques sont importants car le monde évolue, l’Europe n'a plus la main et les lendemains sont sombres. Encore plus si le néo-libéralisme continue son avancée sans règles. PTB?
Les enjeux démocratiques sont importants car les décideurs européens sont de plus en plus éloignés des réalités du terrain. Volt?
Choisir une personnalité, faisant fi de son parti car c'est ce qui motive souvent mes choix. Wilmes?
Une chose est certaine, au moment de choisir pour l'Europe, il faudra penser qu'au sortir de cette élection, l'extrême droite sera surreprésentée. Au moment de voter, j'espère faire un choix qui permettra de les freiner.
Voilà: je n'ai aucun secret sur mes votes. Mon raisonnement peut ne pas s'appliquer à tous. Il peut être incompris ou raillé. On peut ne pas être d'accord ou penser qu'il y a d'autres solutions ou que je me trompe. J'en suis convaincu, car il y autant d'avis (sans doute tout aussi logiques) que d'électeurs.
Mais je voulais, pour les personnes qui me suivent depuis des années sur les divers réseaux, donner un avis raisonné - selon mes valeurs et expériences - afin de susciter éventuellement le débat et la réflexion, même si nous ne serons sans doute pas tous d'accord.
Bon vote le 9 juin et advienne que pourra (et bon courage/bonne chance) à partir du lendemain 🤞
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