Le changement, pour le faire, il faut se faire violence

Un rapide tour du passé récent dans les journaux nous rappelle qu’une demande de changement de méthode politique émane de gens de terrain depuis longtemps:
  • 18 juin 2016: Trois patrons lancent un appel pour relancer la Belgique face aux nombreux dysfonctionnements au sein du pays; ils donnent un plan pour « revitaliser cet état qui donne l’impression de ne plus fonctionner »;
  • 2 avril 2017: Plus de cent artistes et membres du monde de la culture appelle lors des élections présidentielles françaises à faire un barrage à l’extrême droite, au porte du pouvoir;
  • 6 mars 2018: Six personnalités signent une carte blanche motivant un appel aux citoyens, un appel à s’engager;
  • 29 juin 2018: Les participants au Colloque sur l’avenir de l’Union européenne font appel aux dirigeants et citoyens européens pour un réveil des consciences démocratiques à l’heure où l’Union fait face à une forte poussée populiste;
  • 8 septembre 2018: Sept cent scientifiques lancent un appel aux dirigeants politiques pour qu'ils passent "de l’incantation aux actes pour enfin se diriger vers une société sans carbone";
  • 5 février 2019: Plus de cent patrons belges signent pour une politique climatique forte;
  • 6 mai 2019: Sept cent scientifiques lancent un appel aux dirigeants politiques pour la sauvegarde de la biodiversité;
  • 6 mai 2019: Vingt-trois personnalités déplorent l’absence de vision à long terme sur une série de thèmes pourtant prioritaires: immigration, mobilité, énergie, etc. Ils interpellent les partis politiques pour faire une priorité de cette vision du futur.
  • etc.
En parallèle, plusieurs mouvements citoyens furent mis en place pour essayer de faire changer les habitudes politiques de l’intérieur: En-Marche.be, Oxygène, Collectif Citoyen, Plan B, Agora, etc.

D’autres mouvements citoyens ont également essayé de changer ces habitudes, mais cette fois de l’extérieur: Cumuleo, Transparencia, e-Change, Tout autre chose, BottomUp, les gilets jaunes belges, les jeunes pour le climat, etc.


Aucune de ces initiatives n’a jusqu’ici réussi à influencer de manière durable et spectaculaire les choix et surtout les comportements politiques, que ce soit au niveau “bonne gouvernance” (rien de neuf sur le décumul, les carrières politiques, une réelle participation citoyenne, une simplification de la structure étatique, la transparence, etc.), “vision politique constructive” (campagne électorale délétère, co-construction absente hors les invités traditionnels, Belgique plus scindée que jamais, clivage structurel permanent, fonctionnement en réaction perpétuelle plus qu’une vision à long terme, etc.) ou par rapport aux engagements concrets pour le climat au niveau belge.

Suite à de gros échecs électoraux, un parti a décidé de se réinventer en ouvrant la porte à des externes et en proposant une remise à plat complète (tout en restant dans ses valeurs humanistes).

Il y a 15 jours, je lançais un appel aux mouvements citoyens à donner sa chance à cette refondation. J'ai reçu quelques retours positifs, mais également un certain nombre de réponses étrangement négatives.
Certaines personnes me disent que c'est impossible parce qu'ils sont déjà dans un mouvement et ne veulent pas mélanger les deux (alors que leurs résultats et moyens actuels sont très limités); que leur travail n'est pas compatible avec un positionnement politique (ce qui m'effraie toujours par rapport à la liberté de penser de notre société) ou qu'ils n'ont pas confiance sur le fait qu'un mouvement politique puisse changer (mais est-ce plus probable que cela arrive si on s'y investit ou si on ne le fait pas?).

L’apparition potentielle d’un acteur dans le monde politique francophone se positionnant pour des méthodes constructives, positives et avec des valeurs optimistes devrait amener une dynamique qui pourrait impacter positivement les autres mouvements. Chacun devrait se sentir concerné et y apporter sa pierre à l'édifice.  Et si le citoyen veut juste y apporter des idées, c'est très bien: personne ne lui demande de le cautionner, juste d'aider à le sortir de sa particratie.


Je trouve dommage qu'un certain nombre d'entre nous ne puisse accepter de prendre des responsabilités, quitte à ce que cela ne donne rien à la fin...

Il n'y a que certains hommes politiques lunaires qui sont tellement éloignés de la vie du citoyen qu'ils refusent d'accepter de pouvoir se tromper et échouer.  Leur communication est alors tordue et peu crédible pour continuer à faire croire à leur réussite. La survie de leur égo est sans doute à ce prix.
Ne soyons pas comme eux, acceptons le risque car toute initiative doit être soutenue et si elle tourne à l'échec, cela restera - au pire - source d'apprentissage et souvent d'un rebond vers une nouvelle expérience à vivre.

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