Changer les rémunérations des élus

Dernièrement, le débat sur les salaires des présidents de parti à remis à l'avant un débat vieux comme le monde: le salaire des élus et leurs autres avantages financiers à court et long terme: "Ils vivent dans une tour d'ivoire; ils sont loin de la réalité et du monde réel; ce sont tous des profiteurs, etc."

Quand on parle de ces salaires, il y a souvent une incompréhension de la population, de ces "citoyens" qui gagnent leur vie dans des métiers parfois difficiles et pour des salaires parfois minimes en comparaison.

De l'autre côté de la politique, on se défend en parlant des grandes responsabilités (heu?), du nombre d'heures de travail conséquent, de la disponibilité permanente nécessaire et autres considérations qui, pour bien des métiers pénibles, ne sont que peu admises comme justification valable en comparaison à d'autres.  On avance aussi le fait que bien gagner sa vie permettrait d'éviter l'attrait de la corruption.  Il n'est pas prouvé que ce soit le cas (ceux qui ont beaucoup veulent souvent plus) et cela serait partir du principe qu'un élu ne saurait choisir de respecter la loi devant l'argent, même s'il gagnait "correctement" sa vie.  Ce serait une triste vision de l'élu.  Tous n'ont pas la valeur "argent" comme seul moteur.


Maintenant, on peut se plaindre, mais si on ne fait que se plaindre, on ne change jamais rien.
Il faut, pour faire évoluer les choses, être constructif et faire des propositions.
En voici donc une que l'on peut débattre:

Modularité et encadrement
Chaque élu, comme dans toute activité non politique, recevrait une rémunération différente selon son vécu personnel.  Il est rare qu'à âge différent, expérience différente ou diplôme différent, on puisse réclamer le même salaire dans notre société.  Pourquoi serait-ce différent pour les élus?

Ma proposition: Un salaire d'élu serait calculé sur base d'une moyenne des revenus des 5 dernières années déclarées au fisc avec comme spécificité:
- enlever du calcul les années trop éloignées par le bas de la moyenne (en cas d'accident de la vie: maladie, chômage,...)
- un plancher de deux fois le salaire moyen de la région où il serait élu
- un plafond de quatre fois ce salaire moyen. 
Ainsi, le salaire permettrait à l'élu de conserver le même "train de vie" que celui dont il a l'habitude, sauf dans les cas extrêmes où il y aurait "lissage".

L'argument "les gens ne seront pas payés de la même manière pour le même travail" est exact mais "et alors?".  Il n'est absolument pas justifiable: le "travail" n'étant bien évidemment pas de la même qualité selon son expérience, ses capacités et autres connaissances.  A moins que l'on ne considère qu'un élu ne soit qu'un "presse bouton" du parti, auquel cas il serait de toute manière bien trop payé.

Et après?
La différence potentiellement générée entre le budget prévu dans la loi par élu et la somme ainsi calculée serait versée dans un pot de réserve géré par le parti politique via lequel il aurait obtenu son mandat.
En fin de mandat, tant que l'élu ne retrouve pas une activité lui rapportant un revenu équivalant à la somme calculée, le parti devrait lui reverser via ce pot la différence avec le salaire perçu durant son mandat pendant une année.

Sécurité du respect des engagements
Si, en cours de mandat, l'élu quitte le parti pour un autre parti (ou pour siéger en tant qu'indépendant) ou s'il est prouvé qu'il doit être exclu de son parti parce qu'il ne respecte pas les règles (définies dans une charte des candidats) qu'il aurait acceptées lors de la présentation de sa candidature, le parti est libéré de ses obligations.  
Dans ces circonstances, l'ex élu obtient dès facto l'accès à toutes les sécurités sociales prévues par la loi, comme pour tout citoyen.
Ce principe permettrait d'éviter que des élus s'engagent pour bénéficier d'un mandat et quittent le parti (et ses éventuelles règles de bonne conduite) dès que ça les arrange.  Dans cette situation, ils le feraient alors à leurs risques et périls.

Je suis conscient que ce n'est sans doute pas une solution idéale, mais je pense qu'on ne peut pas râler sur tout sans au moins proposer une alternative à débattre.
Donc, comme je trouve injuste le principe actuel de rémunérations des élus, je propose une solution "à débattre" et je suis ouvert devant tout argument "pour" et "contre".

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