Choisir entre droite et gauche est stupide, mais s'il le faut...

J'ai toujours dit que le clivage "droite vs gauche" était un clivage stupide, issu d'une époque où les électeurs n'avaient pas un accès suffisant à l'information que pour pouvoir évaluer les programmes politiques sur plusieurs points de vue.

A l'époque, il fallait trouver des points de rupture pour différencier les partis et leurs représentants.
L'électeur devait alors choisir un "camp".
A l'origine de la démocratie réelle (19 ème siècle), les ouvriers et les moins nantis votaient pour "la gauche", souvent sociale et laïque alors que les indépendants et les nantis votaient pour "la droite", souvent bourgeoise et religieuse.
Puis, est arrivé le libéralisme, qui prônait la recherche de l'émancipation de l'individu via l'existence de droits fondamentaux que l'état ne pouvait violer.  Il s'était positionné au côté des opprimés et donc, à gauche pour, avec le fil du temps, ajouter une notion économique basée sur le marché ouvert, le capitalisme et l'enrichissement personnel qui l'a doucement fait migrer vers la droite.
Enfin, a débarqué l'écologie politique qui revendiquait la prise en compte des enjeux écologiques dans l'action politique et l'organisation sociale.  Plus qu'une politique, on peut la considérer comme une éthique comportementale, aspirant à une plus grande harmonie, autonomie, solidarité et responsabilité.
Toutes ces idéologies ont malmené le positionnement "gauche vs droite" et il semblerait au 21ème siècle plus intelligent de prendre de la hauteur et de se positionner sur chaque sujet de discussion selon la réalité du moment et l'espoir pour le futur plutôt que de s'arrêter sur un "bête" clivage.

En effet, on peut être entrepreneur solidaire, vouloir le bien de la biodiversité tout en acceptant la liberté de marché ou le principe de la récompense du mérite, avoir des convictions religieuses tout en acceptant la souveraineté des lois de l'état, être pauvre ou riche mais raciste, être pour la décision participative dans une entreprise économiquement performante, etc, etc.


Mais à partir du moment où la majorité des médias et nombre de représentants de partis politiques sont incapables de faire cet effort, sans doute parce qu'il est plus simple d'aborder des sujets complexes avec une vision simpliste permettant un classement puis une opposition, que peut-on faire pour se positionner? 

D'abord, il faut faire de la sémantique.  C'est quoi "la droite" et c'est quoi "la gauche" au 21ème siècle? 

En préalable, il faut éliminer les extrêmes qui se rejoignent souvent sur leur idée d'imposer une vision basée sur des idéologies qui refusent la liberté à une partie de la population.  Il n'y a pas de bon extrémisme, qu'il soit de gauche ou de droite.
Ensuite, il faut également éliminer les partis qui, basés sur leur gloire passée, se maintiennent au pouvoir et apportent des avantages à leurs membres et partisans sans accepter une certaine transparence et bonne gouvernance.  Qu'ils se présentent comme étant de (centre) gauche ou de (centre) droite, leur intérêt est ailleurs.  Leur histoire a démontré que l'enrichissement personnel et les problèmes de gouvernance leur tenait au corps.  Le fait que malgré des décennies de pouvoir, ils n'aient jamais vraiment eu d'action positive sur les personnes qui vivent aux endroits qu'ils gèrent en est une preuve accablante.  Ceux-là sont juste des conservateurs en ce sens qu'ils veulent "garder leurs acquis" et que c'est souvent le fond de leurs actions.  Je ne peux donc accepter de les prendre comme exemples pour définir une action politique.

Maintenant que ce préambule a été effectué, que nous reste-t-il?
De nos jours, Wikipedia nous apprend que les partis de gauche se rassemblent généralement dans la promotion d'idéaux progressistes et d'égalité, la critique de l'ordre social et le souci d'une plus grande justice sociale tandis que les partis de droite se caractérisent selon les valeurs de liberté (en opposition à l'égalité), mérite, ordre, sécurité, tradition, conservatisme.


J'ai toujours eu une difficulté à opposer la "liberté" et "l'égalité" à partir du moment où l'on peut très bien vouloir la liberté (de choix) tout en acceptant l'égalité (de droits et de devoirs).  Pour essayer de se positionner, sortons plutôt deux luttes principales qui semblent également catégoriser l'opposition entre la gauche et la droite: le progressisme d'un côté contre le conservatisme de l'autre et la critique de l'ordre social contre sa promotion.


Progressisme vs Conservatisme

Une pensée est qualifiée de progressiste, par exemple, lorsqu'elle conçoit le présent comme un progrès par rapport à une époque passée jugée plus primaire, plus difficile, ou encore plus ignorante. Toutefois, la pensée progressiste ne conçoit pas nécessairement le présent comme un progrès, mais elle peut au contraire dénigrer le présent, et réclamer une amélioration en prônant des valeurs dites « modernes ». Mais non pas « moderne » forcément dans le sens futuriste (ou nouvelles) mais différentes. Un retour à des valeurs passées (ou dont on imagine l'existence) peut être considéré comme moderne, progressiste, tant qu'elles changent les précédentes.

A l'inverse, les conservateurs promeuvent la défense (statu quo) ou le retour à des valeurs établies (statu quo ante). Le conservatisme croit seulement en un changement limité de ce qui est naturel ou organique. Pour les conservateurs, l'ordre social est indépendant de la volonté humaine. Les cultures ayant chacune des valeurs différentes, les conservateurs selon leur culture ont des buts différents.  Il est défini en partie par l'accent mis sur la tradition comme source de sagesse, bien au-delà de ce qui peut être démontré ou explicitement établi. Il se fonde sur la conservation d'un ordre préétabli, selon les conventions, chacun à sa place.


Promotion de l'ordre vs sa critique

D'abord, qu'est-ce que l'ordre? Un arrangement raisonné et logique, une disposition régulière des choses les unes par rapport aux autres, une structure organisée construite selon certaines règles ou conventions.
La science nous apprend qu'on peut définir l’entropie d’un système comme étant son degré de désordre. Le second principe de la thermodynamique énonce que pour tout système isolé, l’entropie augmente c’est-à-dire que le niveau de désordre croit.
En revanche, pour les systèmes ouverts qui existent dans le monde du vivant, le degré d’ordre augmente : On définit alors l’entropie négative appelée néguentropie. Dans de tels systèmes vivants, il y a échange d’énergie et d’information entre le système et son environnement. Plus un système est complexe, plus son degré d’ordre est élevé.
Une interprétation du second principe de la thermodynamique est que plus l’entropie est élevée, au niveau global, plus elle a des chances de diminuer au niveau local, ce qui signifie alors qu’il peut exister création d’ordre à partir du désordre : c’est le phénomène d’auto-organisation.

En bref, si on adapte ces définitions à la prise de décision, les organisations qui prônent les décisions pyramidales (décisions prises à la tête d'un groupe par quelques individus pour l'ensemble puis transmises à la base qui les applique) sont partisanes de l'ordre tandis que les régimes co-construits qui introduisent plus de transversalité et de prises de décisions négociées sont plutôt pour une certaine critique de l'ordre établi.

Ces réflexions - parfois basiques, j'en conviens mais ce sont ceux qui veulent imposer ce clivage simpliste qui l'induisent - me permettent de me positionner.
En effet, je prône:
- l'égalité des droits et des devoirs, 
- l'utilisation de la démocratie liquide (qui induit un certain "désordre" dans la prise de décision), 
- la solidarité sociale entre les forts et les faibles.
J’abhorre également tout argument de type "on a toujours fait comme ça" ou "c'est la tradition".
Mon côté scientifique m'oblige à tout remettre en question à tout moment (à l'opposé des traditions et dogmes).
Je prône également la défense des libertés individuelles, le fait que chacun ait le droit à la propriété ou encore l'idée que le mérite (que j'appellerais plutôt l'investissement positif) puisse permettre un retour plus important de la société.

Lorsque je compare ces positionnements, si je dois répondre à un clivage stupide sur les bases expliquées ci-dessus, il me semble clair qu'avec le temps et la réflexion, je me positionne plutôt à gauche qu'à droite.

Et vous? 

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