Choisir un parti pour qui voter: mission impossible?

Comme le disait très bien Eric Domb dans son "Grand Oral La Première" samedi passé, on ne doit rien attendre des politiciens.
"Bien que la démocratie soit le moins mauvais régime possible, nos représentants sont devant des problèmes qu'ils ne peuvent résoudre.  En effet, le système leur demande d'avoir des réponses appropriées à des demandes contradictoires: résoudre la crise climatique tout en protégeant son pouvoir d'achat, il va falloir trouver le meilleur compromis possible".

Pour les générations passées, on ne se posait pas trop de questions et on suivait aveuglément les dogmes que son pilier éducatif nous avait imposés.  De nos jours, l'électeur éduqué se pose des questions.

Avant, si on avait une éducation catholique, on votait "chrétien"; si on était dans une famille à professions indépendantes, on votait libéral; si on était ouvrier, on votait socialiste, etc.


Actuellement, choisir un parti politique dans notre société complexe, où chaque sujet demande potentiellement une réflexion et un positionnement spécifique, est une gageure pour tout qui s'intéresse un peu à la vie en société et à la complexité du monde. 
De plus, si l'on regarde le comportement des partis par rapport à leurs électeurs potentiels, c'est un véritable casse-tête. Pourquoi?

Passons rapidement sur Ecolo, car c'est là-bas un débat quasi aussi vieux que le mouvement.  D'un côté, une frange "environnementaliste" souvent plus centriste et d'un autre côté, une frange "sociale" plus revendicatrice.  Ces franges ont parfois des visions incompatibles mais elles se retrouvent sur un objectif commun: l'écologie politique. 
Le potentiel électeur écolo, interpellé par la destruction de la biodiversité, la pollution ou l'impact des changements climatiques - même celui qui a une aversion de la proximité avec le PS ou le PTB, voire certains syndicats - n'a pas le choix.  Il ne trouvera pas de réelle alternative pragmatique et réfléchie sur ces sujets dans un autre parti, même si certains ont entrepris de mettre du vernis vert depuis quelques semaines, on sait que face à leur base (devant le pouvoir d'achat ou le marché), le choix ne sera jamais "la planète".

Le MR est le parti le plus complexe à suivre.  Quand on gratte sur les "grands principes", ce serait la liberté qui serait la base de tout, suivie de près par le marché, la concurrence, l’individualisme et le profit. Malgré cela, le MR a, pendant des années, ratissé beaucoup plus large pour essayer d'avoir un maximum de poids sur la vie politique.
D'abord en se positionnant comme social-libéral même si dans les faits, l'aile conservatrice restait plus présente.  C'est - entre autres - pour cela que le FDF (devenu Défi) a quitté l'alliance.
En se positionnant souvent comme conservateur aux côtés des républicains lors des élections françaises ou américaines ou en choisissant l'économie dure au côté de la NVA, le libéralisme que je catégoriserais de celui des "lumières" s'est étiolé, particulièrement via des représentants médiatisés qui avancent des idées du style "droite décomplexée" ou "néo-libérales".
Le parti Défi - trop assimilable à O. Maingain - reste, quant à lui, fondé sur l'opposition aux flamands et n'a pas encore fait ses preuves sur son positionnement politique concret hors cette opposition, allant même jusqu'à dénoncer des sujets qu'il avait soutenu quand il était au MR.
Un électeur "libéral" doit savoir qu'en votant pour un potentiel libéralisme social, il pourrait pousser le côté capitaliste ou conservateur au MR ou le côté "anti-flamand"/"majoritairement bruxellois" chez Défi tandis qu'un capitaliste ou un conservateur n'est pas à l'abri au MR de voir des décisions issues d'une branche plus ouverte qui ferait des alliances avec des partis plus "progressistes".  Choix cornélien.

Le cdH continue à balancer entre une partie qui se repose sur son pilier socio-chrétien pour se rapprocher de son pendant flamand en montrant des attitudes plus "conservatrices" et une partie qui reste plus "humaniste".
Les choix des représentants pour ces élections y ressemble de plus en plus à un football panique complet: prendre des "valeurs sûres" du début du siècle plutôt que se tourner vers des jeunes en donnant l'impression d'avoir choisi de faire "marche arrière" sur son évolution humaniste pour essayer de survivre et puis, juste avant la ligne d'arrivée, devoir retirer une personne "à voix" - mais inculpée - de la tête de liste pour des raisons douteuses et remettre en fin de liste une personne qui avait été propulsée au devant de la scène.
La préparation de ces élections ne pourrait être plus chaotique et un électeur "humaniste" doit se retrouver bien démuni.

Le PS n'est toujours pas clairement sorti de son syndrome "affaires", "parvenus" et autres.  En voulant mettre en avant le fait de défendre les moins nantis tout en ayant une solide histoire faite de mandataires ayant utilisé leur parti pour obtenir des avantages personnels, il reste incohérent.
En s'arc-boutant en plus sur certains fonctionnements archaïques (cumul partiel, présentation à des postes sans siéger, etc.), ce parti me semble plus se positionner comme un parti "conservateur" de gauche que comme un parti progressiste.
L'électeur socialiste votera sans doute néanmoins toujours PS (voire PTB) car "il a toujours fait comme ça" malgré qu'eux aussi aient "toujours fait comme ça".


Personnellement, si je devais choisir un parti, que devrais-je trouver de prioritaire dans son programme?

Je recherche un parti qui pourrait promouvoir:
- Un revenu (sans contrepartie) garanti pour tous, calculé sur les besoins de base: Un toit, les repas et les soins de santé.
- Le principe qu'a partir du moment où tu veux plus que satisfaire ces besoins de base, tu peux t'investir de diverses manières dans la société et voir tes revenus grandir proportionnellement à ton investissement.
- Une mise en avant - au delà de tout dogme - des évolutions avancées par une majorité de spécialistes et de scientifiques qui permettraient de trouver des solutions durables et harmonieuses avec la nature au niveau biodiversité, pollution et utilisation des ressources.
- Une démocratie où les citoyens non élus - qui sont prêts à débattre, s'investir, s'éduquer et se renseigner sur des sujets précis avant de proposer un avis - influencent directement les décisions des responsables.
Enfin, un parti qui n'aurait pas peur de faire du "symbolique" pour montrer une direction, quitte à ce que l'impact ne soit pas toujours celui espéré: par exemple un impôt sur les très grosses fortunes ou une loi climat pour ne citer que ces deux cas récents.

Malheureusement, il n'y a pas de parti qui me semble défendre l'entièreté de ces idées.


En conclusion, en ce qui me concerne:
- je pense que l'urgence environnementale (pollutions, énergies fossiles, pesticides, gaz à effet de serre, etc.) est ce qu'elle est;
- je n'ai pas peur des taxes pour stopper des habitudes allant dans un mauvais sens si des scientifiques peuvent prouver que cela va bien dans ce sens;
- je n'ai pas confiance en ceux qui n'ont jamais tenu leurs promesses et qui basent leur idéologie sur des idées des siècles passés tandis que je donne le bénéfice du doute à ceux qui ont fait des erreurs lorsqu'ils étaient au pouvoir mais qui semblent en tirer les leçons;
- je pense qu'après le rejet de la loi climat, la moins mauvaise solution pour un changement est de se tourner vers ceux qui défendent ces idées depuis toujours plus que les convertis par opportunisme.

Pour toutes ces raisons, j'espère que le parti Ecolo fera un exceptionnel score aux prochaines élections  et je me tournerai vers ses candidats (si je trouve des personnes à profils qui me conviennent dans les listes qui me seront proposées) ou je choisirai une petite liste (si ce n'est pas le cas).
J'espère - en effet - que toutes les personnes qui ne veulent pas prendre position pour un parti "traditionnel" et qui veulent juste s'opposer se tourneront vers des petites listes non extrêmes plutôt que de voter blanc, ce qui n'apporte jamais qu'à la majorité.

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